Mangez-moi mangez-moi mangez-moi – Au pays des champignons
Je réchauffe mes doigts, la chaleur m’envahit toute entière. La vitre de la voiture laisse filtrer de chauds rayons et je lézarde sans tenir compte du mois de septembre et de sa fraîcheur douloureuse. Comme un temps volé à cet été achevé.
Nous partons à la rencontre des grenouilles. L’an passé, nous étions venu dans cette forêt et nous avions du faire attention à chaque pas pour ne pas les écraser par inadvertance. Alors nous revenons, et Prince est bien décidé cette fois à en prendre dans ses mains – il nous en parle depuis six mois.
De grenouilles, point.
La première chose que nous voyons sont ces deux champignons, légèrement transparents à certains endroits du chapeau. En plein milieu du chemin. L’air de dire c’est notre domaine.

Coprin pie ou coprin noir et blanc, jeune – non comestible
Et ils ont raison : la forêt entière est d’une richesse extraordinaire. Où que je porte mon regard, des champignons par dizaines ou par vingtaines ont poussé. Un champignon par-ci, un par-là.. Jamais je n’ai vu de lieu aussi riche.. Je photographie, je ne fais plus que ça. La forêt fait passer des frontières, on entre dans un monde très à part.

Amanite citrine – toxique
(à priori) Tricholome brun et jaune – non comestible
champignon inconnu – très certainement non comestible, pour faire comme ses copains
Un autre coprin pie ou coprin noir et blanc, plus avancé – non comestible
A priori : Agaric à soupe ou Pholiote changeante – comestible (dans le doute, oubliez la soupe hein..)
Tramete versicolore ou Polypore versicolore – non comestible /ou/ Polypore géant
Trompette des morts – comestible et bon (ressemble à la chanterelle cendrée)
Dans sa précipitation joyeuse, LeChat l’avait déjà arraché avant que je prenne la photo : un cèpe de bordeaux – comestible
Ramaria ou clavaire (va savoir lequel, entre le toxique et le comestible !)
Vesse de loup hérissée – non comestible
Les inconnus, qui ne se sont pas présentés :

Peut-être un Russule émétique – toxique
Possiblement une amanite tue-mouche ayant perdu ses verrues blanches – non comestible
Peut-être un Hygrophore orange ?
De très proches, d’autres champignons inconnus :

L’épuisement me gagne, mes jambes tremblent ; cela fait deux heures que nous sommes là, à arpenter cette forêt si généreuse. Je demande à retourner vers la voiture. C’est avec soulagement que je m’assois et que je les regarde s’envoler vers la forêt de l’autre côté de la route : vers la rivière. Dans le silence qui revient doucement, je l’entends s’écouler, traverser, rouler. Le vent fait chanter les feuilles, et les arbres disent ils arrivent – ils ne parlent pas de mes enfants. Je ne suis plus capable de marcher, et depuis ma retraite imposée, j’écoute les oiseaux piailler d’une branche à l’autre, puis s’envoler ailleurs.
Il n’est que seize heures, pourtant les nuages gris trompeurs me laissent à penser qu’il faudrait rentrer.. Ils sont partis vers la rivière que je croyais proche, mais à leurs quelques cris ils me semblent si loin que j’ai l’impression d’être seule au monde.
Seule. Première fois depuis si longtemps.
Je ferme les yeux, je savoure.
Quelle douceur dans tes mots, dans tes photos… <3
Merci <3 C'était un lieu et un temps qui relevait de la magie je suppose 🙂