Je ne sais pas parler, je suis étranglée dans une timidité anxieuse, le faux pas la bêtise. L’angoisse de mal dire, de dire à côté, de dire rien en posant des mots. Je me suis entendue dire il fait beau c’est fou j’ai blêmi malgré la justesse de la chose, c’était fou après ce gris-froid, et me suis refermée. Nous partageons une pièce où le silence règne, je me suis repliée sur l’écran, la musique, le monde, blottie à l’intérieur, fantôme que je traine. A deux fantômes se crée une zone de non-droit, pas de survivants.
Saurai-je jamais parler à l’autre.
D’après l’exercice 366 réels à prises rapides – Aujourd’hui comment lui dire ?
« Je me suis alors dit : Je suis vivant.
Et j’ai dit : Si deux fantômes se rencontrent
Dans le désert, partagent-ils le sable
Ou se disputent-ils le monopole de la nuit ? »
Mahmoud Darwich, Murale

A travers le pare-brise, sur la route
Ce n’est pas toujours facile de SE parler…