L’ombre sous le drap
Ma pensée longeait ce matin sous la couette, la nuit tressée avec infiniment de douceur. L’inconvénient est que je n’en suis pas sortie : j’ai continué au gré des heures, à dormir les yeux ouverts. Cette bulle terrible m’enferme hors du monde, je m’en sens expulsée, comme punie d’une faute inconnue mais monstrueuse. Cet intense épuisement couplé aux articulations douloureuses à m’empêcher d’exister dans ma maison, je me sens fortement inutile.
Je ne tiens plus le crayon pour le tailler – saviez-vous la force que cela demande – je ne peux faire les gestes simples d’un quotidien qui veut que tout soit porté d’un point à un autre, d’un placard à une table, d’une machine à un placard. J’ai le plus merveilleux des maris à mes côtés et la peur de l’épuiser lui dans ce quotidien qui se dissout sous mes pas.
Vraiment.
Inutile.
Inapte à m’intéresser au monde, inapte au monde, inapte à vos mots.
Je suis enfermée et vous n’existez pas.
